Marcher sur le Chemin du Nadir au Zenith!
Plutôt que de chercher une définition compliquée et souvent discutable, nous préférons souvent donner celle-ci (qui l'est sûrement tout autant - discutable): le long cours commence lorsque l'on rend les clés de son appartement pour voyager.
Le dénominateur commun dans ce genre de voyage est l'implication. La façon dont vous partirez (à pied, en vélo, avec un âne…) changera la façon dont il se déroulera, et apportera différentes contraintes ou libertés, mais il restera toujours derrière l'idée de couper les ponts un certain temps, et de partir, de passer quelques mois ou années de sa vie sur la route, à vivre là où l'on se trouve.
La limite et le risque :
que le voyage se transforme en errance
_________________________________
Enfants, nous avons appris à marcher en traversant notre peur de tomber, en osant le risque, en goûtant la saveur du lâcher prise, poussés par cette folle envie de vivre ! Marcher et découvrir notre liberté d’exister, de se redresser après la chute et l’adversité. L’espèce humaine a suivi bien avant nous ce même désir ; elle s’est redressée pour s’éveiller à son humanité – dans les deux sens du terme, qu’elle soit comprise comme dimension de mansuétude ou sa nature d’homme – grâce à la marche, il y a de cela un ou deux millions d’années, selon le continent où la bipédie est apparue.
Puis, nous avons peu à peu quitté notre état de nomade afin de nous installer dans la sédentarité, jusqu’à aujourd’hui. Notre santé physique, émotionnelle, psychique s’en est ressentie, voire affaiblie.
Et cet appel à la transhumance ne cesse de nous faire du pied ; cette fois, elle a changé de nature. Dès lors, le nomadisme d’aujourd’hui, dans nos sociétés d’abondance, ne serait-il pas devenu un mode de vie motivé, non plus par la recherche de nourriture matérielle, mais bien par la quête de nourriture spirituelle ?
Alors que la crise sanitaire s’éternise, n’avons-nous pas besoin de retrouver les vastes horizons pour nous ressourcer ? Au-delà de la balade de quelques heures qui agrémente nos week-ends, pourquoi ne pas tenter une marche au long cours ? « Cette pratique est une véritable aventure : elle permet de sortir de chez soi, de s’ouvrir au monde, à l’autre mais aussi à soi. La marche au long cours, c’est également l’éloge de la lenteur, le retour à l’essentiel et la connexion avec la nature », commente Laura Léotoing, déléguée générale de l’Ipamac (Association des Parcs naturels du Massif central).
« Marcher, c’est se réapproprier le temps, affirme Jean-Christophe Rufin. Quand notre corps commence à se transformer, que les repères de notre esprit changent… Nous voilà vraiment en route ! » Ce médecin humanitaire, écrivain membre de l’Académie française féru d’alpinisme, ouvre ainsi ce hors-série. D’autres grands marcheurs prennent ensuite la relève, au fil des pages. L’historien Antoine de Baecque affirme : « Marcher me rend plus fraternel. » Le sociologue David Le Breton, également familier de cette pratique, affirme que « la marche est toujours guérison », et qu’elle est la meilleure façon de laisser derrière soi ses soucis.
Découvrir
« Les itinéraires de grande randonnée pédestre en France sont un moyen de connaissance, de son propre corps, mais également de la nature, de la géographie, des paysages et de l’histoire. Ils permettent ainsi la compréhension du caractère de la région parcourue par la contemplation directe. » Jean Loiseau, le « père » des sentiers de Grande Randonnée pédestre en France, 1947
Quels critères guideront le choix du marcheur ?
« La destination compte, évidemment, répond Jean-Luc Parel, administrateur de l’association Les chemins du Mont-Saint-Michel. Mais la qualité des paysages rencontrés et la nature des chemins sont également importantes, suivant que l’on recherche un chemin littoral, un sentier de montagne ou un chemin vert, plus à l’écart du monde, permettant un retour sur soi et un répit dans notre vie. » Les critères logistiques entrent également en ligne de compte : « La nature et la répartition des hébergements, poursuit Jean-Luc Parel, est aussi un élément essentiel, à la fois pour l’esprit du chemin et de ses rencontres et d’un point de vue budgétaire. Le choix de l’itinéraire se fait aussi en fonction de sa longueur, de sa difficulté et de son attractivité patrimoniale. »
Parler de sens de l'itinérance ce n'est pas réduire ce mode de déplacement des amoureux de la nature à un simple cheminement d'un point de départ à un point d'arrivée. Le sens de l'itinérance porte en lui les clés d'une meilleure compréhension du monde qui nous entoure mais aussi des marcheurs que nous sommes.
Depuis plus d’un siècle, chacun utilise couramment des cartes routières pour préparer un voyage ou se diriger sur le terrain, mais il faut savoir que ce n’était absolument pas le cas aux siècles précédents. Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, il n’y avait que très peu de cartes, elles étaient d’ailleurs d’une précision toute relative et n’indiquaient pas les voies de communication. La connaissance de la topographie était limitée et le plus souvent les chemins ne figuraient que sur les plans des seigneuries. Seuls existaient quelques récits de voyages ou de pèlerinages lointains susceptibles de servir de guide routier ou d’itinéraire.
Les itinéraires n’étaient alors pas balisés et les panneaux indicateurs n’existaient pas ; s’il y avait des « Grands chemins » ou « Chemins du roi », héritiers des voies romaines et reliant les principales villes du royaume, on devait le plus souvent demander sa route aux habitants des régions traversées.
Une pratique de la marche, modérée et périodique, est associée à un faible risque de dommages corporels. Les troubles de santé reliés à une pratique substantielle et soutenue sont rarement documentés. Seulement quelques études conduites chez des randonneurs de long parcours en montagne en ont fait un recensement. Les troubles de santé associés à la marche au long cours sont alors peu connus. Ce contexte de pratique, pour lequel l’intérêt est grandissant dans la communauté, est propre aux longues traversées à pied ou aux pèlerinages à pied. L’étude consiste à recenser les troubles de santé rapportés par des marcheurs-pèlerins après un pèlerinage. Elle documente aussi les impacts de quatre facteurs, soit l’indice de masse corporelle (IMC), l’expérience au contexte de pratique, la charge transportée et la durée du pèlerinage (en jours de marche).